Parcours recherche et enseignement : Empire, peuple, nation : le prisme italien

Atelier pédagogique : Empire, peuple et nation : recompositions dans l’Italie des années 1918-1945

L’atelier présenté s’inscrit dans le parcours pédagogique du Plan national de formation au sein des Rendez-vous de l’histoire. Le cadrage des ateliers pédagogiques articule une communication scientifique d’un universitaire et une proposition de transposition didactique dans le cadre des programmes scolaires.

Intervenants :

Marie-Anne MATARD-BONUCCI, professeure d'histoire contemporaine à l'université de Paris 8, membre de l’Institut universitaire de France, Membre de l’Institut d’Histoire du temps présent Chercheuse associée au Centre d’Histoire de Sciences-Po et co-responsable du groupe de recherche Italie contemporaine

Mathieu MUGNIER, professeur d’histoire-géographie, professeur formateur, – Académie de Grenoble

Nathalie REVEYAZ, IA-IPR histoire et géographie – Académie de Grenoble

Finalités et problématique de l’atelier

Pour comprendre la réflexion conduite, il convient, tout d’abord, d’analyser le titre de cet atelier :

Empire – Peuple - Nation : trois notions, trois thèmes qui vont structurer les discours, la propagande et les politiques fascistes en Italie de la fin de la Première Guerre de la structuration du parti par les Faisceaux de combat (en 1919) jusqu’à la chute du régime fasciste et la fin de la Seconde Guerre mondiale.

  • Empire : à considérer à la fois comme une forme de régime politique qui inclus une importance géographique de l’État en termes d’étendue territoriale avec des espaces soumis et dans une dimension politique, dans la représentation, une concentration des pouvoirs dans les mains d’un dirigeant.
  • Peuple : plus délicat à définir peut être l’ensemble de la nation, comme une partie de celle-ci, comme équivalent de population, peut avoir également une caractéristique sociale.
  • Nation : une construction politique qui permet de considérer un peuple, une population uni par un sentiment d’une appartenance commune. Je ne reviendrai pas sur les différentes conceptions d’une nation : langue, sol, et idée de peuple, mais aussi désir de vivre ensemble et d’un projet commun.

Si ces termes ne sont pas une exclusivité du régime fasciste, leur instrumentalisation, leur usage et leur signification sont particulièrement mobilisées pour la construction d’une société totalitaire.

Nous allons voir comment alors qu’il prétend s’adosser à la « grande » histoire italienne -la Romanité, le Risorgimento et la Grande guerre, le fascisme construit son projet totalitaire sur une conception de la nation et de l’individu en partie en rupture avec cet héritage.

Nous allons explorer les acceptions de ces termes et leur réalité pour expliquer/définir le régime fasciste puis appréhender comment l’enseigner aux élèves.

Vous pouvez écouter l’atelier à l’adresse suivante : http://www.rdv-histoire.com/Edition-2019-l-Italie/empire-peuple-et-nation-recompositions-dans-l-italie-des-annees-1918-1945

Intervention scientifique de Marie-Anne MATARD-BONUCCI - professeure d'histoire contemporaine à l'université de Paris 8, membre de l’Institut universitaire de France, Membre de l’Institut d’Histoire du temps présent Chercheuse associée au Centre d’Histoire de Sciences-Po et co-responsable du groupe de recherche Italie contemporaine

La nation, le peuple l’Empire furent des thèmes omniprésents dans la rhétorique et la propagande fasciste pour tracer des directions ou légitimer les politiques en cours. Leur invocation dans les discours officiels était une façon d’inscrire l’histoire du régime dans la « grande » histoire italienne -la Romanité, le Risorgimento et la Grande Guerre » mais derrière des apparences de continuité, il s’agissait bien de servir un projet politique de rupture. Entre 1919, année de fondation du mouvement des Faisceaux de combat par Mussolini et 1945, années de la chute du régime fasciste, la signification de ces trois vocales devait évoluer en fonction de nécessites conjoncturelles mais surtout dans la perspective de construction d’une société totalitaire.

Quel héritage ? Nation versus nationalisme et bellicisme

Support de la présentation de M-A Matard-Bonucci

Transposition didactique : Mathieu MUGNIER, professeur d’histoire-géographie, professeur formateur, et Nathalie REVEYAZ, IA-IPR histoire et géographie – Académie de Grenoble

Cadrage de la transposition pédagogique en lien avec les apports scientifiques de Marie-Anne Matard-Bonucci :

Les apports de Madame Matard-Bonucci sont particulièrement éclairants pour construire le concept de totalitarisme avec les élèves et pour aborder la constitution d’une société totalitaire.

Le rapport de l’individu à la nation, la volonté de l’État fasciste de façonner une nation avec un fondement nationaliste qui va prendre progressivement une conception racialisante sont autant de dimensions à considérer. A cela s’ajoute, la construction d’un Empire en priorité en Méditerranée qui va être l’espace de l’expression des conceptions fascistes.

Nous allons nous situer dans le programme de terminale voie générale mis en œuvre à partir de la rentrée 2020 avec comme finalité : mettre en évidence des caractéristiques des régimes totalitaires, le fascisme italien.

Nous allons vous proposer 3 démarches possibles :

  • Evaluer une hypothèse historique ou une représentation d’une hypothèse historique => travail sur validation des hypothèses
  • Relier les avancées de la recherche et les acquis scolaires => comment on mobilise les avancées de l’histoire scientifique pour construire un savoir scolaire établi et actualisé
  • Montrer la complexité d’une situation historique à l’aide d’un schéma fléché
PPT_ RVH_pedagogie
Occurence empire et nation dans les programmes

D’autres propositions :

En enseignement de spécialité et en démarche interdisciplinaire

Pistes pédagogiques_complémentaires
Diapos pistes complémentaires

En EMC pour la classe de première sur le lien social et de terminale pour la démocratie

Pistes EMC

Orientations bibliographiques :  

  • Berstein S., Milza, P., Le fascisme italien, poche, 2012.
  • Labanca Nicola, Outre-mer : Histoire de l'expansion coloniale italienne, Ellug, 2010.
  • Matard-Bonucci Marie-Anne, L’Italie fasciste et la persécution des juifs, Paris, Puf, 2012.
  • Matard-Bonucci M.-A., Totalitarisme fasciste, CNRS Edition, 2018.
  • Numéro spécial de la Revue d’Histoire et contemporaine, 55,3. Le fascisme italien : historiographie et nouveaux débats, juillet-septembre 2008.
  • Matard-Bonucci M.-A., Milza P., L’homme nouveau dans les régimes fascistes, Fayard, 2004. Panicacci Jean-Louis, L'occupation italienne : Sud-Est de la France, Juin 1940-septembre 1943, PUR, 2010.
  • Milza Pierre, Histoire de l’Italie des origines à nos jours, Poche, Pluriel, 2013.
  • Vargaftig Nadia, Des Empires en carton. Les expositions coloniales au Portugal et en Italie (1918-1940), Casa De Velazquez, Madrid, 2016.